Slow -Stitching (=broderie qui prend son temps!): les débuts d’un patchwork de la mémoire

C’était hier, LA JOURNEE DE LA FEMME -comme il y a la journée de la migraine, la journée de la citrouille, la journée du film porno.!- mais ça devrait être tous les jours; aussi je vous adresse cette belle phrase de Romain Gary, amateur de femmes s’il en fut. Celle qui suit vient de Clair de femme:DSCN9357

« Je n’avais pas la moindre chance de m’en tirer seul et la raison était bien simple: j’avais trop aimé pour être encore capable de vivre de moi-même. C’était une impossibilité absolue, organique: TOUT CE QUI FAISAIT DE MOI UN HOMME ETAIT CHEZ UNE FEMME. »

Romain Gary

1- Suite de l’album indien( rappel: j’étais à Pondichérry, tout le mois de janvier, aux 9/10° bénévole)

Avant  de me mettre au vélo, j’ai beaucoup utilisé les services de ces taxis audacieux dans leur conduite…Les « tuck-tuk » colorés, décorés, et audacieux dans leur mobilité et conduite. Celui-ci est décoré à l’occasion de la fête de Pongal dont j’ai largement parlé!Tuk-tuk indien décoré pour Pongal

 Et toujours les couleurs, comme le démontre la photo suivante: des grenades, mon aliment-booster; j’en consomme tous les jours en France, mais en Inde, chaque jour, un jus de grenade (qui était fait avec 3 fruits!)Grenade: élément énergie

La preuve ici: je bois mon jus quotidien de grenade avec mes amies Valérie (au milieu)et Clémence (à droite): mon verre est bien plein…d’énergie!Inde: jus de grenade au comptoir!

Vous avez dit « couleurs indiennes », en revoilà: une chaise rouge, le vert des palmes, une tunique jaune et le sourire d’une jeune indienne qui patientait dans la cour d’un petit restaurant bon marché, célèbre et bondé; on y fait la queue matin, midi et soir!couleurs et sourire de l'Inde

2-Le « slow-stitching », une attitude face à la vie:

Vous me connaissez, je parle l’anglais, je le lis,  je l’écris, mais je privilégie notre belle langue française si précise; j’ai cherché un synonyme au mot « lenteur », j’ai trouvé « inaction, apathie, paresse, nonchalance, tergiversation, atermoiement, retard, pesanteur, engourdissement; Rien de tout ça  ne me correspond ni ne me va!  Le « slow- stitching c’est tout un état d’esprit, une philosophie, une attitude: il y a le « slow- fooding », le « slow -life », …… parce que, simplement, dans ce monde frénétique où tout va trop vite notre qualité de vie passe par un meilleur équilibre entre rapidité et lenteur. En Italie, on a même institué la journée de la lenteur!

Liens en ce qui concerne le slow-stitching ou prendre le temps d’avancer pas à pas sur le chemin de la guérison

Le slow- stitching a même son magazine aux USA, son site https://theslowstitchingmovement.wordpress.com/ et surtout le livre éponyme de Claire Wellesley-Smith dont le texte  (en anglais!)est PAS-SION-NANT!! slow-stitching

 Le slow-stitching ou le chemin de l’apaisement: J ‘ai vécu il y a quelques mois le deuil le plus douloureux qui soit, la perte du compagnon de 40 années, et, en utilisant ses tissus de chemise, en cousant lentement, avec beaucoup de points kantha, j’ai pris le temps de MEDITER, de changer. Je n’ai pas PREMEDITE  chaque carré, j’ai médité en faisant….. slow-stitch-2Le slow-stitching ou la réparation : Vous les verrez peu à peu, un jour, ils seront cousus encore, assemblés; ce qui compte, c’est que j’ai utilisé les chemises de mon mari, les déchirant, les lacérant douloureusement -pour moi: c’était comme une plainte, brisant les souvenirs mais ne les jetant pas et les réassemblant…le patchwork d’une vie, la fantaisie de soirs qui se suivent et ne se ressemblent pas.

1° carré en slow – stitching:slow-stitching carré 1

 » Ces êtres qui m’ont manqué comme le cœur vous manque… J’ai mal à ces êtres comme on a mal à un membre amputé. »

Jacqueline Kelen

2° carré en slow- stitching: rien de prémédité, j’emportais le soir, sur mon canapé, mes chemises , mon carré de fond et zou, voilà des biais croisés, recroisés, groupés, regroupés, séparés comme nous le fûmes…slow-stitching carré 2

 » Ne pas lutter. Laisser aller. Laisser se faire… L’arbre qui « perd » ses feuilles ne cherche pas à les retenir. Il sait ou il espère. L’arbre ne perd que les choses vieilles, usées, passées. L’arbre vit pour demain … »

Jacqueline Kelen

3° carré en slow-stitching: défaire pour recréer, c’est le contraire de la mort, c’est une lente guérison, une lettre d’amour aussi:slow stitching carré 3Ces si nombreux points  sont des mots, sont des pensées;  cousus sur ses chemises ils parlent à jamais  de lui, de moi,  de nous….

A bientôt, amies-abeilles!

 


Commentaire

Slow -Stitching (=broderie qui prend son temps!): les débuts d’un patchwork de la mémoire — 26 commentaires

  1. Une belle façon de faire perdurer votre amour. Après la robe mémoire c’est un autre précieux souvenir que tu laisseras à vos enfants…

  2. Très émouvante ta note . Ton mari est toujours présent, près de toi et sera là pour tes enfants et petits enfants.
    Une belle manière de continuer de le faire vivre ainsi que votre amour.
    Je te souhaite une belle journée Anne. Je t’embrasse .

  3. Après les couleurs toniques de l’Inde, la douceur des couleurs des chemises de ton mari. Que d’émotions mêlées tu dois vivre en les brodant de si belle manière. Je te souhaite qu’elles soient de plus en plus douces. Bisous tendres.

  4. Tout comme toi Anne j’ai éprouvé moi aussi ce besoin de retenir un peu de mon mari en utilisant ces chemises souvenirs dans un patch… pres de vingt ans plus tard ce patch est toujours là accroché et pres de moi …ces mots de Romain Gary oui ….mais comme impossible n’est pas francais …besoin est parfois aussi de trouver en soi la force de faire avec sa solitude pour se recreer une autre vie ..une autre passion…pour .d’autres bonheurs ..aimer la vie tout simplement est aussi une clé pour s’ouvrir au bonheur…..a petits points ou a grands pas ! Bravo a toi Anne ‘..et a bientot de voir ton patch terminé avant que de connaitre celui qui suivra ….

  5. On a beau se dire que ce ne sont que des morceaux de tissus, mais des tissus que l’être cher a porté, ce qui leur donne une valeur toute particulière. Moi aussi,j’ai besoin de garder près de moi des objets ou des vêtements des êtres disparus et aimés.
    J’aime ce travail de petits points et plutôt que les synonymes de lenteur, je choisirais ceux de nonchalance, comme « langueur, alanguissement, abandon »
    Amitiés

  6. Oui, Mijane qui a de la mémoire, c’et une autre « robe de mémoire », un ouvrage d’amour; il fait bon prendre le temps, méditer, réfléchir au temps qui passe. Bon week-end à toi, bises!

  7. Oui, annie, les émotions se mêlent, le temps passé qu’on reconstruit à sa façon, qu’on fait revivre autrement. ET une façon d’exprimer tant de choses….

  8. Gigi, on recrée certes, différemment, MAIS l’oubli est impossible. On est fait chacun de nous de nos souvenirs. ET si nouveauté ou rencontre, il y a, chacun doit accepter le bagage de l’autre, nous sommes des puzzles, des facettes multiples, c’est ce qui fait notre richesse. Aussi, ce patch est-il une mosaïque de sentiments, une RE-CONSTRUCTION et une étape nécessaire. La couture comme thérapie manuelle……….Le patch ne sera pas terminé avant longtemps, slow -stiching oblige , mais j’entreprendrai aussi celui d’enfant juste né ou à naître puisque la famille perdure au disparu!

  9. Je garde peu, Isa, je garde trop. Paradoxe. J’aimerais m’alléger, que les souvenirs ne soient pas des boulets, mais ré- utiliser, transformer, faire que ma vie soit un patchwork coloré d’instants, d’émotions! Pas de langueur, Isa, ça ne me correspond pas, ni la nonchalance, mais abandon…….Oui, pourquoi pas?

  10. art-thérapie amoureuse, ravaudage émotionnel, reprise de ta vie, on voit l’amour dans vos bouts de chemises. Bouleversant.
    quant au jus de grenade, mais c’est bien sûr! merci Anne.

  11. art-thérapie amoureuse, ravaudage émotionnel, reprise de ta vie, bien vu, bien ressenti, Isabelle…Et ce n’est que le début, tu verras. Ca va s’étoffer, s’enrichir, comme le tissu de nos vies. Je t’embrasse avec amitié

  12. défaire pour recréer est une technique que je pratique souvent et en effet, la vie est une lente métamorphose…la notre, et celles, humaines, animales , végétales, qui nous entourent et font aussi ce que nous sommes….je comprends le sens de ce que tu fais et je comprends aussi la méditation…un beau travail en soi et sur soi,apaisement…avancer avec une couche en plus(non, Anne, je ne parle pas de Pampers!!!) .et pourtant se dépouiller…quant aux couleurs indiennes,c’est juste du bonheur^^Merci pour tous tes partages, Anne,bisous(je me relis et je me trouve un tantinet sibylline mais c’est venu comme çà, les mots précédant la pensée)

  13. Quelle belle idée cette idée de patch reconstitué à partir de bribes du passé… J’adore le carré où les bandes se croisent et s’entre-croisent… C’est très poétique !
    Belles photos de l’Inde aussi, avec ces couleurs si gaies… Bises et bon week-end

  14. Bonjour Anne , j’aime l’idée de s’approprier la matière pour y écrire, à ta manière, vos souvenirs .
    Cela me donne une idée pour mes neveux , merci …
    Je t’embrasse

  15. Mamaz, comme d’habitude, tu dis bcp de choses auxquelles, j’aimerais répondre, mais quel flux…L’humour Pampers, j’aime: c’est tout toi! Les mots chevauchent à leur rythme, mais on pense bien vite……….Gros bisous!!!

  16. Mes carrés sont poétiques peut-être, nostalgiques surtout Marie -Laure et c’est un gros travail sur moi, pas seulement sur le tissu…Vous avez toutes ressenti ça, et j’en suis heureuse.

  17. L’idée, Sandrine, on veut la voir réalisée, mais je te connais: tu partages! lors, à bientôt…………

  18. Bonjour anne
    ca fait longtemps que je nai écris sur ton blog !! je te présente mes condoléances ! Je pesne souvent a toi avec tes créations qui illuminent ma chambre ateleir !!je t’embrasse
    mariele

  19. Depuis ce commentaire, MarieLee, tu m’as envoyé un mail et je suis heureuse de retrouver le fil… Pourquoi laisser se distendre les liens noués? La vie s’en charge, il faut retisser ce tissu social et amical!

  20. Bonjour Anne. Je boirais bien un verre de jus de grenades avec vous. Depuis la fermeture des frontières je n’en trouve plus. J’avais congelé des arilles dans des bacs à glaçons heureusement…

  21. Oh Brigitte, c’est par ton article sur les grenades que j’avais connu ton blog, si tu te souviens. Je mange tous les jours de vrais grains de grenade!! Je les ouvre en deux coups de cuillère à pot, c’est mon élixir!

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