Cassis -menthe

Ses couleurs préférées, ce sont le violet et le vert, la menthe et le cassis. Association de parfums évoquées par les herbes sauvages de Maupassant: »Je fus noyé dans un souffle chaud et parfumé d’aromates sauvages plein  de la senteur violente des myrtes, des menthes, des citronnelles, des immortelles, des  lentisques, des lavandes, des thyms »…

Sur une banquettte de piano ancienne,   recouverte d’un satin d’ameublement que j’ai brodé il y a longtemps déjà, là voilà posée, romantique:

Ce qui me surprendra toujours, c’est que parfois les tissus aux imprimés difficiles sont ceux qui font le plus d’effet, roulés, piqués, méconnaissables:

Des petits noeuds vert foncé pour le relief (voir le site de Gédane qui apprend comment en faire de tout-petits), la touche féminine, la finition:

Appliqué au fond de la corbeille,  comme abandonné, juste un bouton de rose…Un petit ange veille: celui de la créativité? J’apprends tellement de vous, de vos demandes; elles me poussent hors de moi vers des aventures que je trouve belles.On lit un article court, on pense à tort que la corbeille a  été réalisée vite.  C’est vrai qu’elle est simple, comme un humble moment de bonheur; ses couleurs sont douces. J’en suis contente et, dans les yeux de celle qui la reçut, brillaient des étoiles………..Soyez remerciées, amies -ailées, pour votre visite. A vendredi dans ma ruche! Ce sera l’Inde……….

Cercles, labyrinthes et mandalas

Vous présentant tout récemment ma page textile sur l’Inde, je montrais un mandala brodé; je vous disais que j’en avais cousu plusieurs. Mes photos- papier sont un peu passées, je n’ai pas tout retrouvé; voilà une petite rétrospective de ce que j’avais pu créer en matière de cercles, mandalas et labyrinthes. Rétrospective. Certains sont visibles dans les galeries les plus anciennes du site:

http://artisanne-textile.fr/index.php/creations/les-creations-de-2002-a-2003/

Dessus: Un jardin mandala avec des feuilles  de gingko en tyvek, du relief………..Dessous, une spirale amusante à construire:

Dessous, un portrait -chinois labyrinthique, une tête de lit qui a un double différent; plusiers fois édité, y compris pour un livre Burda:

Et, dessous, le mandala de l’eau, réversible (vendu); de l’autre côté un 2° mandala (photo introuvable)

« « L’homme  a imaginé le cercle avant de savoir que la terre était ronde. Ca prouve quand même une certaine faculté d’invention »(J.Strenberg) Dessous, un mandala- dahlia dont j’ai déjà parlé sur le blog:  Ces cercles m’évoquent une phrase de Proust qui écrivait joliment qu’« Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes ». J’ai eu beau créer des mandalas, je n’ai tenu en ordre ni mes photos, ni mon temps… Pourtant, on me commanda les 2 mandalas suivants: le 1° musical, le 2° et dernier pour un bouddhiste qui avait réfléchi au sens de ce qu’il voulait trouver et qu’on retrouve dans le panneau:

Le jaune, le mauve, les montagnes, tout avait un SENS; ce qui est primordial. Ceci dit, je ne couds plus de patch sauf pour les lits de mes proches, j’en ai 2 ou 3 presque finis………..Mais un paon qui fait la roue (récemment dans mon journal de voyage sur l’Inde) ou des corbeilles bien rondes et ventrues  restent dans l’ordre du mandala. Ne tournons pas en rond, les abeilles ne le font pas; ce travail va repartir dans la catégorie « Années-lumière », l’éclairage s’éteindre et la ruche se  vider de ses amies ailées parties faire leur miel ailleurs….A mercredi!

5 mai: vente au profit de l’étoile de Martin

Un peuple et des dieux

journal de voyage indien:

« Jouis des choses de la vie en y renonçant » (Gandhi…que nous retrouverons sur toute une page bientôt! …....)

Oh la la!! J’ai freiné des 2 pieds, tergiversé avant d’écrire cet article; dans notre pays, parler de religion est très difficile (pourtant, étymologiquement,  religion veut dire « ce qui relie »!…………..)Mais si on va en Inde, on n’y coupe pas: les temples sont incontournables, superbement  et incroyablement ornés  et sculptés d’en bas au sommet, ou très  modestes et tout aussi touchants, chaque maison a le sien, les chauffeurs prient Ganesh avant de prendre le volant…Ces préventions annoncées, je vais faire court et reconnaître modestement et  à l’instar de Socrate: « Je sais que je ne sais pas« 

En Inde, il y a plusieurs religions, mais l’Hindousime (et ses centaines de dieux) domine. Le bouddhisme  né aussi en Inde,  et l’hindouisme partagent certaines conceptions comme la transmigration des âmes, mais le 1° n’est quasiment plus pratiqué en Inde! N’empêche, sur fond mauve , couleur de la spiritualité, en voici un, simple silhouette fleurie (appliqués rebrodés)et grelots acquis sur un marché de Chotta Udaïpur aux confins du Gujarat, un marché extraordinaire , un souvenir vivant et inoubliable…………

                                          « Le ciel et la terre sont en nous » (Gandhi)

Brahma est l’être suprême, le créateur de l’univers; Shiva, le destructeur, est le plus vénéré ainsi que Ganesh à tête d’éléphant (en fait, c’est son fils……) je dois avouer trouver ce dieu- là très vilain quoique sympathique: c’est le dieu qui lève les obstacles de l’illusion et de l’ignorance; il porte réellement chance!! j’avais l’intention de broder un éléphant que vous verrez un de ces 4, donc j’ai zappé sur Ganesh; voilà son papa:

Le cercle intérieur (brun sur la photo, mais rouille en fait) est un point de rosette, le cercle extérieur le point indien (j’ai donné sur ce blog le lien 5 ou 6 fois déjà, je préviens, c’est la dernière fois, ah mais!!!!…) ;il est visible sur le blog de mon amie Elizabeth à qui je l’ai appris (en anglais sur Quieter moments:http://quietermoments.wordpress.com/2007/12/15/indian-edging-stitch-pattern-and-embellishment/)

Bon, c’est tout pour aujourd’hui, 2 toutes petites pages qu’il a fallu imaginer, documenter et broder tout de même; si vous êtes déçues, le bureau des réclamations est ouvert 24 heures sur 24! Pour ma part, je vous embrasse et vous remercie: vos commentaires sont la gelée royale de la ruche, j’en fais mon miel! Bzzzzzzz! A  dimanche soir!

PS :certaines parfois me demandent de parler aussi de la région où j’habite richissime et variée; je ne peux pas tout faire, je ne suis pas Laxmi…je vous recommande donc le  blog de Nadine: http://www.dordogne-cachee.fr/. Nadine est modeste (elle s’efface derrière son sujet, immense) curieuse, ouverte, visite des lieux qui ne sont pas au palmarès  des grandes visites du Périgord; c’est cela qui rend son blog unique et passionnant. Elle donne des recettes aussi: comme personne ne l’ignore, en Périgord, on aime la table…… A lire sans modération!

Le devoir et le plaisir de l’expérimentation

Où l’on reparle un peu de créativité (et ce n’est pas fini!)

C’est en brodant qu’on devient…………..

Euh, au vu de mes essais, je ne prononcerai pas le mot « brodeuse », mais je vais m’appuyer sur des citations d’Anne -Marie Jobin (La vie faite à la main que je vous encourage non seulement à lire, mais à pratiquer; c’est une démarche indispensable et thérapeutique): « Donnez-vous sans tarder le droit de créer dans l’expérimentation et le plaisir, de faire jaillir de votre quotidien, les trésors qui cherchent à émerger (…) Aimez vous assez pour vous donner le droit de créer »!

Avant même d’aller dans le Kutch (au Gujarat) j’étais éberluée par le travail d’entrelaçage.

Dans cette région du monde, la plus colorée grâce à ses costumes et brodeuses, on brode le point de chaînette …à la chaîne:

Il faut savoir qu’on ne brode pas ce point à l’aiguille, mais au tambour et au crochet.  Et on fait des entrelacs ahurissants qui portent le nom de broderie Kutch (ou Kutsch)Il y a plus d’un an, j’avais soumis cette pochette à mon amie Deepa(http://deepashome.blogspot.com/2011/06/kutchwork-shisha-tutorial-part.html) qui avait tenté d’expliquer  par un tuto, le secret de cette broderie casse- tête que les femmes réalisent en Inde en  quelques minutes.

Ce point parfois se pose sur des sequins ou des miroirs.

Sachez pour info que ce point est apparenté à ce qu’on appelle la broderie arménienne (

http://armenianembroidery.tripod.com/sketches.htm) car les fils tissent entre les régions du monde un énigmatique réseau d’admiration mutuelle et d’échanges:

Après les tutos de Deepa, j ‘avais essayé de réaliser ces points, mais mes essais avaient lamentablement échoué. Je n’aime pas rester sur un échec, je sais que je n’avance qu’en franchissant des étapes, j’aime me lancer des défis.

« L’étape de l’action est une étape souvent très satisfaisante dans le processus de création car vous ne faites plus que rêver,  vous  concrétisez ce à quoi vous aviez songé ; les choses prennent forme devant vos yeux. Quelque chose qui était invisible devient visible. »

J’ai donc décidé de tenter à nouveau l’expérience, je pensais utiliser 1/2 heure, mais j’ai mis 2 heures à broder un petit module  de rien du tout:Si vous y regardez de près, il y a des tas d’erreurs; mais je me console en me disant qu’en Inde aussi, on brode des kilomètres de bas de jupe, de corsages et que si j’examine ces broderies, il y a des tas de réajustements. Broder c’est réfléchir et prendre des décisions!!

(Il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en avançant » écrivait Antonio Machado)

Ce qui compte, c’est être allée au bout: » N’arrivant pas à réaliser nos rêves, nous finissons par perdre espoir et confiance en nous -mêmes ». Ce n’est pas mon cas, je réessaierai d’autres motifs kutch (en particluier les bordures), et je vous encourage à tenter l’expérience. Celle-ci serait inutile si je n’en tirais quelques leçons. 1- Je brode toujours avec une feuille de papier à carreaux qui remplace le mètre, peut s’épingler au bord du travail ; avec mon stylo magique qui s’efface au fer (merci Janik! janikbianca.over-blog.fr/)  et ma feuille, j’ai juste dessiné vaguement mes pointes de motifs. C’est insuffisant. Il faut plus de rigueur et dessiner une grille parfaite. 2- Dans ma hâte de travailler, je n’ai pas doublé mon tissu, il est trop fin par rapport à la grosseur de l’aiguille dont le chas qui doit laisser passer le coton perlé (teint par moi-même) 3- j’ai été si vite que j’ai d’ailleurs utilisé mon tissu sur l’envers , de l’autre côté, il est brillant et plus joli. 4- Les petits carrés sont trop petits, les grands trop grands. Pour moi, la bonne mesure, serait 3 petits carreaux (sur les tout- petits, le fil a du mal à se faufiler). sur le dernier essai (juste en dessous) 3 carrés sont bien nattés, et, surtout, j’ai été beaucoup plus vite!!!

« il n’y a pas de but à attteindre, seulement une invitation à sentir ce qui palpite dans le silence immense et à laisser émerger naturellement le prochain pas ».

Voila, mes articles me prennent en général beaucoup de temps, si j’ai avivé votre curiosité, j’en serais vraiment satisfaite; mon plaisir est dans cette création- là (La broderie, le travail de rédaction de l’article, et ce partage!) Rappelez-vous (ou lisez très vite) Femmes qui courent avec les loups (Clarissa pinkola Estès) et ce conte terrible Les souliers rouges: une petite fille se fabrique avec des restes  de tissu des souliers rouges certes imparfaits, mais dont elle est -à juste titre- très fière. Sa grand-mère, méprisant son travail,  les brûle. La jeune couturière va être entraînée dans une dramatique descente aux enfers….Soyons un peu fières de  nous: »Laissez s’ouvrir un à un dans le soleil vos pétales colorés, humblement, simplement.. » 

Voir les abeilles danser autour de la ruche, c’est un spectacle dont je fais mon miel: merci! Exceptionnellement, je vous dis « à jeudi soir »!

Où il est question de créativité:

Chaque corbeille, comme chaque création, est une aventure  en soi. Alors que j’en ai cousu plus de 80, chacune est encore pour moi un processus mystérieux et une suite de problèmes à résoudre; je remercie celles qui me font confiance, cette confiance qui me donne des ailes et me permet d’apprivoiser mes peurs.

Ce texte sera truffé de citations. Tant pis pour les paresseuses qui ne lisent pas; elles sont chez elle ici et font ce qu’elles veulent…(ceci dit, je me flatte d’avoir des amies vraiment attentives qui ne se contentent pas de voleter de blog en blog comme des  abeilles ivres, mais comme des abeilles sensées et curieuses). Partant en l’Inde, j’emportais pour le voyage une lecture en anglais: le dernier numéro de Cloth, paper and scissors (le fameux magazine de mixed -média C.P.S) un excellent numéro qui aborde le « problème » de la créativité, un de mes dadas et sujets de réflexion inépuisable, (et surtout un passionnant article : « Find your voice »  de Fei-Fan Balzer sur lequel j’ai décidé de m’appuyer aujourd’hui, traduisant et réécrivant ce qui me semble le plus intéressant, sans nom d’auteur et en vert). Auparavant, je voudrais dire que les contraintes (car une commande est une obligation , un désir autre ) permettent l’envol de l’esprit -c’est à l’OULIPO que nous devons cette évidence à laquelle  j’ai tenté d’intéresser les élèves comme prof de  Lettres: Une règle n’est jamais un frein, mais un aiguillon!

Marie -Chantal m’avait donc demandé une corbeille d’une certaine taille avec couvercle; et si je me répète, je me lasse. Il fallait donc une fois encore dépasser mes peurs, changer mes habitudes de coudre ET de Penser! Sur la plage de Banyuls -sur- Mer, j’avais ramassé à cette fin, des bois flottés dont j’aime la douceur grisée; mais j’avais craint la difficulté de les inclure et le résultat. Faire ma poignée avec,  oui mais comment……… »Quel que soit le problème, il y a toujours un nombre infinis de solutions(…) La manière de résoudre un problème de sa  propre façon qui n’est celle de personne d’autre est un voyage vers SOI, vers l’authenticité, c’est trouver sa voix » (et non pas sa « voie »……….mot auquel on aurait pu s’attendre mais cet inattendu est un sujet  intéressant de réflexion) J’ai tâtonné, j’ai eu peur de me lancer, mais j’ai senti que j’avais surtout peur de ma  peur, celle qui bloque toute tentative et qui fait que certaines vont acheter des kits reposants et se priver ainsi de trouver leur propre VOIX. (1)Ce qui est profondément frustrant et infantilisant (puisque justement, on va apprendre à l’enfant à dominer ses peurs, par exemple celle du noir,  sous peine de rester à jamais un enfant

  « Tout le monde a une mission dans la vie…Un don unique ou un talent spécial à offrir à autrui. Lorsque nous mettons ce talent particulier au service des autres, nous connaissons l’extase de notre propre esprit, lui qui est le but ultime de tous les buts.  » (Deepak Chopra) Oui, « l’extase de notre propre esprit », cette griserie qui permet de se dire qu’on a résolu nos problèmes et surmonté nos peurs!(1)En parlant de frustration et de kits, SVP, je ne cherche pas la polémique, ne réagissez pas, c’est juste  MON ressenti; c’est vrai, je le pense, mais vous avez le droit d’en acheter et de vous en servir; moi, tout simplement, je ne peux pasDans la 1° citation en vert, le mot authenticité est employé. J’y  reviens: »Qu’est-ce que cela signifie « artistiquement authentique »? C’est accepter et embrasser ses propres faiblesses et ses propres forces »; C’est ne comparer ni son travail ni soi-même à quelqu’un d ‘autre; c’est trouver son propre chemin et ses propres solutions en utilisant ses outils, en menant à bien ses propres projets… »

« Je dois rester fidèle à moi-même (…)Aaprès des années, j’ai constaté que  faire face à mes propres problèmes -de création, les résoudre à ma façon, me procure au final une immense confiance en moi.  N’oubliez jamais que personne ne vous ressemble, que personne n’a vos yeux,  votre voix, votre façon de penser »

 Celles qui me connaissent vont être étonnées car aujourd’hi, je n’ai pas parlé de Julia Cameron qui il y a 15 ans, m’a initiée aux notions  de  créativité (si essentielles non pour devenir plus créative, mais pour re-découvrir ma créativité et lui redonner le coup de fouet nécessaire); c’est avec les paroles formidables d’un psychiatre, J.cottraux, que je concluerai:

 » Tout le monde peut être créatif, mais bien peu de gens le savent, et encore moins nombreux sont ceux qui le concrétisent. A côté de la créativité exceptionnelle de génies comme Einstein, Picasso ou Mozart, il y a la créativité au quotidien de chacun d’entre nous, qui se traduit dans l’art de vivre et de survivre. Pour certains, la vie est le plus bel accomplissement, même si elle n’est pas remplie d’oeuvres exceptionnelles. L’ouverture d’esprit, le travail et la persévérance comptent plus que le talent ou le don. « 

Au revoir petites abeilles, et une fois encore merci à toutes celles qui me poussent à me dépasser, à sortir de mes propres ornières si confortables mais si peu valorisantes!

PS: la semaine prochaine, j’avance juste un peu la parution de mes articles, je vais m’absenter; merci de votre compréhension. J’ai prévenu:  Il  fallait mettre le blog sur bloglovin pour être informée! Et je répondrai la semaine du 29 à vos com’s si vous en laissez bien sûr! A mardi soir, les amies!