2 initiales brodées, 2 styles différents

Mes visiteuses fidèles savent comme j’aime broder et le nombre incalculable de jardins textiles créés sur des taies d’oreillers; en voici 2 très différentes, la 1ere fidèle à ce que je fais le plus souvent; la 2°… Vous verrez bien! (à ce propos, je ferai encore des taies brodées de fleurs, mais aussi autre chose que je tente en ce moment. Chemins de traverse…)

ATTENTION: Les citations qui suivent sont TOUTES extraites d’un même livre passionnant qui parlent de Marguerite, auteur de la célèbre robe de Marguerite exposée au musée d’art brut de Lausanne. Pour faire court, je précise juste que cette robe a été faite par une malade d’un hôpital psychiatrique. J’ajoute ceci suite à la réflexion avisée de Mamaz, toujours attentive aux mots; elle a écrit ceci comme commentaire:  » je rebondis d’abord sur la dernière citation où la création permettrait de remplir un vide intérieur,… Ne faut il pas plutôt avoir une vie intérieure bouillonnante de richesse pour s’abandonner sans craintes à la création ? ». Je souscris et applaudis à ses mots, MAIS Marguerite était enfermée dans « un lieu sans raison »…..Ses pensées aussi, pourrait -on ajouter en peu de mots…..Merci Mamaz! Enfin, Tania me fait penser à ajouter ceci en ce 8 mars, journée des droits de la femme: VIVE LES FEMMMES, TOUTES!!!

1- M majuscule brodé d’un jardin : Oh la la, que le M est long à broder!!

Celui- ci est tout de même original: un panier de fleurs, un oiseau, un écureuil( je dessine tout toute seule directement sur le tissu!) Des points originaux….Le bonheur est dans le fil!!!

Il y a des noisettes, quelque part? J’aime dessiner les écureuils et les broder, leur queue en panache…

« Elle découvre sur la toile un instantané de poésie(…) La brodeuse opère d’instinct, faisant courir l’aiguille comme si la scène connue d’elle seule était renfermée dans le blanc de l’étoffe et ne demandait qu’à se révéler. « On dirait ce miracle de la photographie quand l’image apparaît par magie dans le bac »…(Anne Claire Decorvet, Un lieu sans raison -à propos de la robe de Marguerite, musée de Lausanne)

Et si je prenais le tobogan?
Un panier posé? Tiens! Mais, dedans, pas de noisettes… Bah, pensa l’écureuil affairé…
Fleurs- feuilles rouges à gauche: point indien Chemanthy
Fleurs dégradées saumon brodées sur une épingle de sécurité, elles sont ainsi plus larges que l’habituel point de tricot.

« Elle a les gestes prompts, ses lèvres marmonnent en réponse à des êtres invisibles; elle n’est jamais en repos; pourtant le tableau brodé sur la toile irradie de la sérénité. Je vois ici de la vraie beauté »… .(Anne Claire Decorvet, Un lieu sans raison -à propos de la robe de Marguerite, musée de Lausanne)

Du blé, du lupin, des feuillages, des tulipes, des tournesols, un panier de fleurs; la broderie est bonheur, don aussi reçu puis transmis, offert!

2- Très différent, d’un tout autre style, mais toujours dessiné et brodé par l’artisane, un A majuscule brodé longuement au point kantha et au point de sable surtout (ainsi que -pour cerner le A, un point de chaînette inversé)

Sur coton bleu pétrole avec des dégradés de jaune, de vert pâle et d’orangés

La vie réveillée dans ses doigts ne demande qu’à s’exprimer. Ses tableaux sont brodés sur la trame usée qui s’efface entièrement sous le fil. Cacher le blanc du tissu, combler la vertigineuse angoisse en rétablissant la plénitude, …Que pas un seul millimètre carré n’en réchappe: ainsi tout nouveau tableau marque une victoire sur le vide intérieur!”.(Anne Claire Decorvet, Un lieu sans raison -à propos de la robe de Marguerite, musée de Lausanne)

En dessinant des ronds, penser aux mondes où nous entraîne la broderie.

« Invariablement, elle brode le même motif(…) L’harmonie des couleurs occulte un désordre intérieur pour un temps de perfection » ( (Anne Claire Decorvet, Un lieu sans raison -à propos de la robe de Marguerite, musée de Lausanne)

Saluer les amies en visite; le A d’Anne n’est pas pour …Anne; c’est aussi le A d’Amitié, le A d’Amour, le A d’Al…, Au revoir, A vendredi ou samedi (avec de la broderie, mais pas que………!)


Commentaire

2 initiales brodées, 2 styles différents — 31 commentaires

  1. Bonjour Anne,je rebondis d’abord sur la dernière citation où la création permettrait de remplir un vide intérieur, c’est ce que je lis. Ne faut il pas plutôt avoir une vie intérieure bouillonnante de richesseS pour s’abandonner sans craintes à la création ? Tu as 3 h puis je ramasse les copies.Du reste de belles citations.
    En effet deux broderies bien différentes. J’aime la luxuriance de la première et je suis happée par le côté hypnotique de la seconde…bises et bonne semaine, je pars demain une semaine,youpi^^

  2. J’adore l’écureuil posé sur ce M et j’ai un coup de coeur pour ce A en creux sur ces jolis points et cercles qui me font penser à l’art aborigène. Très élégant ce A ! Comme « Amicalement » en cette journée internationale des droits des femmes.

  3. Merci pour le rajout, Anne. C’est passionnant le rapport entre art( je pense à l’art brut mais pas que)et troubles psychiatriques ou borderline. Et passionnantes aussi souvent les richesses de ces creations . Je suis preneuse de titres d’ouvrages sérieux de réflexions sur le sujet si tu as. Bon, cette fois je sors de ton blog. Mais à plus.Bizzzz

  4. Je pense que c’est sur ces taies que l’on découvre le mieux ton savoir sur la broderie Anne et je découvre aujourd’hui avec ce À une autre façon de mettre en valeur les petits points Kantha ..oui la création n’a pas de limite et il y a beaucoup de possibilités pour qui est passionnée …il faut lire l’émouvante histoire de Marguerite Sirvins .parcours de folle mais parcours de femme avant tout …dans le monde souvent inhumain de la psychiatrie ,cette femme a pour un temps survécue grâce à la broderie qui fut pour elle une forme de thérapie ..

  5. Tes deux lettres sont magnifiques, chacune dans leur style. La A a une charge symbolique très forte avec ces ronds, ce rond, cette partie qui s’échappe, ces courbes, ces petits points. Ce a me parle! Bizarre, tu ne trouves pas? 😉 Bises de A pour A 🙂

  6. Bonjour Gigi, d’abord, faisant d’une pierre 2 coups, réponse à tes 2 mails privés; merci pour la photo encadrée (on me dirait venue d’il y a très longtemps…) et le R que j’ai bien vu; j’ai fait du point de Bayeux, bien pratique pour remplir des fonds, mais que je trouve un peu monotone (raide?) classique; vite ennuyeux, mais c’est un avis perso -et bien que j’ai un livre superbe sur des fruits et fleurs.
    Je parle et montre par exemple ici, le point de Bayeux, en mai 2013 :
    https://www.artisanne-textile.fr/un-cadeau-pour-eclairer-lamitie-deux-etuis-brodes-pour-boites/
    J’en fais encore sur de plus petites surfaces que dans l’article cité au- dessus.
    Quant à Marguerite Sirvens, on a l’impression qu’elle devient « folle » lentement, du jour de sa rupture à l’internement…Ensuite, elle vivote; dans sa vie, il y a l’étincelle créative qui la laissera à plat. La robe finie, peu à peu, elle s’étiole et meurt. L’époque n’était pas facile, encore moins pour les femmes…….. La robe est presque décevante à voir; ce qui compte, c’est l’effort surhumain de réaliser son rêve: se marier, échapper à cet univers…
    Il faut outre Marguerite Sirvens aller sur Internet se renseigner sur Aloïse (elle était suisse, très présente à Lausanne), Marie Rose Lortet, Madge Gill impressionnante et sur laquelle j’ai un très beau livre….C’était ma façon de parler de la journée de la femme!

  7. Mamaz, tu as eu raison, tu l’as vu ensuite, j’ai fait un ajout à l’article. Je savais que je devais expliquer d’où venait les citations, mais cela m’envoyait trop loin; et tout le monde ne lit pas attentivement comme toi. Gros bisous!

  8. Oui, art aborigène……pourquoi pas? j’avais vu une très belle exposition à Nantes! Mille pensées!

  9. Mamaz, j’ai répondu à ta demande par mail, mais c’est peu de choses………..Si tu peux, va au LAM (près de Lille) la librairie est bonne, la collection aussi! Et puis, Lausanne, ce n’est pas si loin…..

  10. Chère Annie, le A est une belle lettre, il n’y a pas à dire 🙂 ET bien, ce A très personnel a pris autant de temps que ce que je fais d’habitude; je l’aime beaucoup; il a été offert à une personne TRES spéciale, très intéressante……Qui a apprécié! J’en connais des A………Si je pouvais t’en refaire un aussi en un clin d’oeil, je le ferais…Une photocopie 🙂

  11. Merci Brigitte, je l’aime bien ce M, c’est un univers, mais chez moi, c’est plus habituel….Le A a TOUT différent…………Big bisous!

  12. Anne le point de Bayeux je n’en suis pas fan non plus ..d’ailleurs je n’ ai brodé que ce R ….pour ce qui est de la vie de Marguerite Sirvins difficile de résumer en qq mots mais tu en dis l’essentiel dans ton com …Aloïse je connais j’ai vu ses toiles au LAM ..une autre histoire de femme ..les accidents de la vie font naître parfois la nécessité d’exprimer en image un mal être et c’est très émouvant de découvrir ces femmes dans l’art brut …

  13. da noi in toscana si è persa questa grande tradizione del ricamo. In passato nelle aie e nelle case le donne si trovavano acon ricamare il loro corredo di nozze e successivamente per lavoro. Ho ancora lenzuola e federe in lino con ricami delicatissimi. Una gioia ricordare le nonne che hanno voluto lasciarmi tanto amore per me

  14. Chacune à sa manière, ces deux broderies me parlent … l’une par la beauté des fleurs et les petits détails succulents, et l’autre par le rythme et la cadence …
    Une belle réussite … A comme Admiration !
    Bises

  15. Tes lettres brodées me font toujours rêver. J’adore les écureuils, alors en voir un petit brodé sur une lettre (de mon prénom qui plus est 🙂 ) est un vrai bonheur ! Le « M » est peut être long à broder mais il te permet de créer un véritable décor champêtre, et ça j’adore !
    Quant à cette lettre A, c’est une façon très originale de la représenter, ça fait très moderne. 2 techniques totalement différentes, mais qui m’enchantent autant l’une que l’autre ! Merci pour ce bonheur du matin ! Bisous

  16. Grazie Andrea per il tuo bel messaggio e per i tuoi ricordi; sai, in Francia è lo stesso: le nostre nonne ricamavano il loro corredo (lenzuola, asciugamani …) e precisamente, ho imparato dalla mia cara nonna con la quale sono stata spesso e per molto tempo. Immagino che tu conosca i ricami di Elisabetta Sforza (ha un sito web) Spero che torni.
    A fine 2019 ho fatto una grande mostra in Umbria a Città della pieve, vuoi i link al mio sito? Prima, nell’arco di diversi mesi, il dettaglio dei mandala, la mostra qui, ad esempio: https: //www.artisanne-textile.fr/exposition-de-3-mois-en-ombrie-peintures-et-art-textile -marc-pierre-encina-et-lartisanne-textile / Tornerò in Italia il prima possibile; dobbiamo recuperare ciò che resta delle nostre opere.
    Non ti garantisco nulla sulla traduzione fatta sul mio computer.
    Spero di leggerti di nuovo qui sul mio blog.
    Amicizie .. (PS: il mio bisnonno era toscano!)

  17. Le M et le A, Marie- Laure sont deux belles lettres -et c’est vrai que je les ai traitées différemment, mais en brodant le A, je pensais à tous ceux (nombreux) de la famille (et des amies) dont l’initiale est le A; pour le M pareil: les proches…mais les amies aussi!! Tu étais dedans. Cela me permet de t’embrasser ce matin sous le ciel bleu…

  18. bravo Anne pour ta réponse en italien …oui en Italie on brodait je pense beaucoup plus que chez nous… Dans les années soixante on voyait encore des jeunes filles broder ou faire de la dentelle au crochet .et au début du siècle dernier ma grand-mère piémontaise filait la laine de ses moutons…mais ce temps est révolu…aujourd’hui c’est la machine qui brode et les filles ne pense plus a broder leur trousseau ….mais heureusement il y a encore des femmes comme Elisabetta Sforza qui perpétuent l’ art de la broderie

  19. Si tu as lu Gigi mon commentaire en italien traduit par google, tu as vu que j’y parlais de ma grand- mère; ce que tu dis n’est pas certain du tout; une américaine qui achetait du linge brodé sur une brocante m’a dit qu’aux USA, on adorait les draps et le linge de nos grands -mères car TOUTES en France brodaient leur trousseau. Y compris serviettes de toilette, nappes…Une amie anglaise achète aussi du linge brodé en Périgord et le revend sur Etsy…jusqu’en Australie!
    Les pionnières en Australie ou aux USA n’avaient pas le temps de broder…Même si ma grand- mère qii était institutrice dans les Pyrénées, brodait le soir tard à la lumière d’une lampe à pétrole, la maison finie, les enfants couchés, les copies corrigées…Quelle vie! !!J’ai appris avec ma grand- mère maternelle, mais les 2 brodaient très bien. En France, les gens brodent encore beaucoup. Même si ce sont des grilles; le marché paraît- il se porte bien!
    Et il y a beaucoup d’artistes textiles.
    En Italie aussi (beaucoup de merceries partout…). Dont l’immense Maria Lai tant copiée partout!

  20. Oui Anne certaines femmes aiment encore broder ou coudre de nos jours mais beaucoup moins chez les jeunes je ne sais si on peut encore de nos jouurs trouver une jeune fille qui brode son trousseau

  21. Bonjour,
    Elles sont très belles ces lettres, et j’ai un petit penchant pour le A très aborigène qui est plus à ma portée de brodeuse, j’admire le M,et toutes ces citations A ma manière je transmets aussi, j’apprends à mes petites filles à coudre et à broder, et quel plaisir de voir la mise en pratique comme réparer un jean en brodant le trou avec une fleur.
    Passez une belle journée

  22. Bonjour Arlette, bravo pour la transmission; j’ai 13 petits-enfants et on a offert à l’aînée de 11 ans, pour Noël, une machine à coudre. Elle est douée en tout, joue de la flûte, brode, coud. Je tiens beaucoup à être une passeuse. Je leur montre ce que je fais le mieux (y compris lecture et orthographe, j’étais prof de français!)Merci de votre fidélité!
    Anne

  23. Broder son trousseau? Le monde change. Mais il ne faut pas toujours être négatif! Voir le meilleur en chacun; ils en sont capables! La preuve: les petits -enfants d’Arlette, les miens… C’est à n ous de leur montrer ce qu’on aime…Et espérer: planter des graines.

  24. Le A, le M, tes broderies ont une ÂMe… Deux belles réalisations dans deux styles en effet différents, les deux ont leur charme.Merci Anne pour ce doux partage. À bientôt. brigitte

  25. Pascale, le chemin n’est jamais long quand on joue et cabriole………:-)Depuis, l’écureuil a dû trouver ses noisettes.

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