En robe blanche et petit canotier

Il était une fois une petite fille qui avait pour nom Marguerite, le prénom de son aïeule et le nom d’une fleur; il lui fallait une bourse bien à elle où ranger ce qu’elle avait de plus précieux: baguette magique de voyage, talism-Anne, fiole d’élixir….Aussi sa grand -mère  selon certaines versions, sa bonne fée -marraine selon d’autres, se mit-elle  à l’ouvrage:

« La marguerite, belle dame en robe blanche  à longs plis,

Avec un petit canotier sur la tête »…(Jules Renard)

Tehniques de broderie: sur un tissu imprimé de fées de Mary Cicely Baker: points de noeuds, point de tapis turc, point de broderie en relief,(la grande feuille se détache sur tout un côté), point de guipure pour le paletot vert de la petie fée, point de tige….

Observez bien les fleurs ou feuilles  ci-dessus: la 1° à gauche est au point de guipure (ou point de picot), celle tout à fait à droite est au point de feston en relief, la feuille au dessus du 1° « E » de « Marguerite » est brodée- tissée avec un fil de soutien, les ailes  sont au point de chevron et fil doré, le jupon au point de feston en relief:

Satisfaite, avec Brassens, je chante: « Les serments d’amour m’irritent,

                                                                 se plaignait la marguerite

                                                 Aussitôt que débute une affaire sentimentale

                                                                   J’y laisse tous mes pétales. »

Tant pis si Aragon confond les marguerites et les pâquerettes, il en parle bien:

« Quand je parle d’amour mon amour vous irrite
Si j’écris qu’il fait beau vous me criez qu’il pleut
Vous dites que mes prés ont trop de marguerites
Trop d’étoiles ma nuit trop de ciel bleu mon ciel bleu »… Pour ma part, j’aime jouer avec les fées, les fleurs, et rêver  d’une petite princesse qui rangerait son diadème dans ma bourse:

La petiote tire les cordons de son écrin, et moi la porte…………..Laissons la féérie de ce jour durer, durer………….A bientôt, amies ailées venues visiter ces fleurs et en faire du miel de marguerites…Merci!

Organisation et technique 2/2

2/2

 Comme dans  le précédent article: les citations  d’Anne-Marie Jobin (La vie faite à la main)sont en bleu, les étapes de la technique en rouge, et en guise d’illustrations,: ma création inspirée par Rebeka Meier (http://rebekahmeier.typepad.com/) auteur de Fabric Art journal (extraits dans CPS).

« Quand on accepte que c’est dans la nature de la matière de n’être pas aussi malléable que l’esprit et de présenter des obstacles, le travail dans l’action est beaucoup plus facile. On dramatisera moins l’arrivée des problèmes et on sera plus à l’affût des solutions ou de nouvelles ouvertures ».

Etape 5: Nouvelle étape d’embellissement, prendre de la gaze  qu’on a peinte grossièrement, voire effilochée (pour ma part, je l’ai froissée), poser une touche de gesso puis la gaze selon le besoin de la composition.  Laisser sécher de nouveau. retirer le support papier  sur l’envers et poser le tout sur un fin coton blanc. Embellir de nouveau avec par exemple, des fibres d' »Angelina ».

« L’étape de création est une étape très satisfaisante dans le processsus de création, car vous ne faites plus que rêver, vous concrétisez ce à quoi vous aviez songé. Les choses prennent forme devant vos yeux.. quelque chose qui était invisible devient visible, manifeste ».

Etape 6:selon votre envie d’utilisation, vous pouvez inventer n’importe quoi maintenant; à partir de cette étape, la technique est mienne et conviendra ou pas pour vous-même; pour ma part, j’ai coupé le tout en 8 cartes. Vous remarquerez que j’ai ajouté lors de l’étape précédente des plumes, des fils, des feuilles que j’ai d’abord brodées,  un « squelette de feuille », un peu de soie or, de l’acrylique or posé avec un bouchon parce que le rond (onirique) rend intéressant le résultat, des paillettes ;  j’ai aussi posér des piquants de porc-épic, car j’aime l’effet blanc-noir sur ce fond presque semblable à une laque. J’ai piqué alors des droites  sur l’envers (un coton perlé en fil de canette). Elles structurent l’ensemble.

Ces fonds sont très solides et intéressants , ils ont de la tenue.

« Bien sûr, les choses ne refléteront pas toujours votre vision iniitiale; parfois elles la dépasseront et parfois elles seront décevantes. (…) La prochaine étape de l’évaluation et du suivi vous mènera à un autre cycle de création' »,vous aurez appris ce qui vous convient, ce que vous devez éviter, vous aurez progressé; si vous n’atteignez pas la lune, vous aurez au moins fait escale sur une étoile….

Amies abeilles, si vous en avez envie, allez, lancez-vous!!! On se retrouvera dimanche soir ou lundi matin avec autre chose d’un autre style…. Je picore partout où se trouve le grain. Vous aussi, non?

Elan oui, mais aussi : organisation et technique

1/2 L’organisation nuit-elle à la spontanéité de l’élan créateur? Non!!Les spécialistes de la créativité, par exemple Anne-Marie Jobin dont j’ai déjà parlé, l’affirment. Mes citations viennent  de  La vie faite à la main. Illustrations persos du propos avec l’essai d’une technique tirée du magazine américain CPS (Cloth, paper and scissors, numéro Mars 2012 by Rebekah Meier) bientôt, je vous parlerai d’une autre technique différente, mais tout aussi intéressante. Certaines amies ayant reçu ces cartes m’ont demandé de leur faire un article détaillé.

Préalable: Cette technique m’a ravie dans son déroulement et son résultat; elle se fait en plusieurs étapes; il convient de s’organiser. J’ai fait en même temps 8 cartes, donc une assez grande surface qui pourrait servir à faire une couverture de livre, des marque-pages…………..etc. Soyons….organisées: en bleu marine: A.M.Jobin, en  rouge foncé les différentes étapes de la  technique.

étape 1: on colle sur un tissu de fond blanc, (peu importe d’ailleurs!) une feuille de même dimension thermo-collante. Enlever le papier, on va travailler sur la face collante.

« S’organiser pour la réalisation de son projet est l’étape où l’on commence à tisser le lien entre l’esprit et la matière ».

Etape 2:poser des petites coupures de papier de soie, bouts de dentelle, napperons, bouts de lettres manuscrites ou dactylographiées. Lorsqu’on est satisfait du résultat, repasser.

« Pour qu’un plan d’action, canalise l’énergie, il faut qu’il reste souple;s’il devient rigide, il va en réduire la fluidité et la force parce qu’il empêchera l’exploration et la fluidité ainsi que l’ouverture aux changements de forme. Un plan n’est jamais coulé dans le ciment, il doit pouvoir s’ajuster en cours de route ».Etape 3:diluer avec un peu d’eau (tester) de la peinture acrylique et peignez votre fond de façon à l’unifier mais à ce que cela couvre comme un voile transparent. Laissez longuement sécher. Etape 4: Décorez avec stencils, tampons, feutre indélébile…tout marche bien sur ce fond. Vous remarquerez peut-être mes libellules taillées dans des larges gommes (publicitaires) Je vous laisse jusqu’à l’article suivant, nous sommes à la moitié de la technique. Ouf!!!

« Votre organisation doit être précise, mais non excessive Vous ne pouvez pas tout savoir à l’avance et plusieurs facteurs peuvent interférer avec le plan savamment construit. C’est en confrontant votre plan à la matière que vous verrez ce qui fonctionne. Le plan ne doit pas vous enchaîner, mais vous stimuler à l’action ».

La suite  des étapes dans le prochain article! Vous me suivez? Donc, à vendredi!         

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http://blogapatch.over-blog.com/ je donne l’adresse, mais n’y allez pas, ça me donne plus de chance de gagner!^_~ ! Le genre de trucs faits-main que j’aime!

Reliques bergères

La veste de mémoire 2/2:

 « Se conformant à l’usage, le futur Ryokan avait cousu lui-même son vêtement, assemblant à tout petits points une série de bandes de coton, suivant ainsi le patron de nos vies, mosaïque de pièces puisées de-ci, de-là, patchwork d’instants reliés les uns aux autres par le fil du temps, ce temps parcouru d’inspiration en expiration, chemin suivi à petits pas jusqu’à l’ultime étape, le fil coupé dans un dernier soupir« .(Daniel Charneux, Nuage et eau)

Au risque de me répéter (l’ai-je dit ici ou dans la 1° partie ?) 1-la veste sera accrochée à un drap sur lequel sont portées différentes notations et citations  au pochoir ;2- cette veste va évoluer  au long du temps et des intempéries, et c’est intéressant ; aussi-sera-elle photographiée  plusieurs fois pendant les 2 à 3 mois que durera l’expo 3- la charge émotive est très importante, car je me souviens bien de celui qui la portait, qui n’est plus là, humble travailleur que j’ai toujours vu dans cette tenue qui le définissait.

« Ma nuit n’est pas noire, elle est bleue et c’est un bleu qu’on respire« ! Michel Tournier

Chaïm Potok :« Des millions de gens savent dessiner, mais il y n’y a pas d’art sans un cri jaillissant d’une façon particulière. »

RELIQUES BERGERES:

Cette veste est un cri, je me souviens de l’homme qui la portait ,jamais une plainte, le front courbé sur la terre; juste, un jour,il s’évanouit parce que le fils très aimé vient de disparaître!

Une vie et l’oubli , une veste et l’usure, le temps a fait son travail,le labeur aussi… »A l’oeuver, on connaît l’ouvrier », dit-on….Gérard Macé lui, remarque:« Des vêtements qui n’habilleront plus personne, des étoffes qui furent tissées pour des fantômes »

Jamais  de soie sur soi, mais du bleu sur soi,et  des bleus à l’âme: fantôme avant que d’être mort. Et, point d’orgue, ce superbe tercet de Sully Prud’homme :

« Je connus mon bonheur, et qu’au monde où nous sommes
Nul ne peut se vanter de se passer des hommes,
Et depuis ce jour-là, je les ai tous aimés. »

Nulle ne peut se vanter de se passer de ses amies, mes abeilles: merci! A mercredi!

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PS: Plusieurs d’entre vous -dans les commentaires du 1° article- m’ont parlé de tablier; moi-même j’ai déjà évoqué je ne sais plus où, le tablier fameux du célèbre peintre Simon Hantaï, obésédé par le souvenir de sa grand-mère pliant soigneusement son tablier noir ce qui  allait au bout du compte, donner naissance à  sa fameuse technique de peinture de plis, déplis, replis; j’ai en tête un formidable article sur la fonction dont la mémoire familiale a déterminé une oeuvre fascinante….

« Ce bloc de temps pétrifié »

1/2

L’an dernier, sur un ancien terrain militaire qui n’est plus en activité, non loin de chez moi, on a organisé une sorte de grande expo de plein air: les oeuvres sont restées en place, au vent, au public, aux intempéries et au soleil pendant 2 mois, sans surveillance; gloablement, (et sauf 2 ou 3 exceptions) j’ai été très déçue par ce que j’ai vu…

Cette année, de nouveau on m’a demandé si je voulais participer, et le terrain, la poésie des lieux: le Causse, lieu de mémoire du travail paysan m’ont inspirée. J’ai pensé au bleu du ciel, au bleu de travail des agriculteurs, à la modestie des vêtements, à leur beauté aussi. Humilité immense dont nous manquons tant. J’ai cherché ce qui me convenait; dans une grange, abandonnée sur un clou, j’ai trouvé cette veste…….. et c’est sur elle que j’ai travaillé:

Un coeur récupéré dans une poche, aux bords brûlés,  un portrait de laboureur imprimé sur textile (il porte la même veste), je l’ai plastifié, et tout est cousu puisque personne ne surveille ce lieu ouvert à tous les vents qui souffle sur la région…

« Viens, mon amour, viens cueillir les éclairs dans le jardin nocturne. Prends ce bouquet d’étincelles bleues, viens avec moi arracher quelques heures incandescentes à ce bloc de temps pétrifié, unique héritage que nous laissèrent nos parents. » (Octavio Paz)

 « Pour mémoire noeud au mouchoir », au grand mouchoir bleu avec lequel les paysans s’épongeaient le front, le même dont ils nouaient les 4 coins lorsque la chaleur était ardente au soleil de l’été!

HABIT HABITE:

Une plume cueillie au détour d’un chemin par la main calleuse et qu’il a enfilée dans sa boutonnière, une montre en gousset, une chaînette de  coton résistant, la mémoire paysanne, l’habit habité!

« Par les soirs bleu d’été, j’irai par les sentiers »,  (Rimbaud)

Poésie du bleu de travail: une pièce de tweed et un peu de ciel bleu, celui des yeux, celui du vêtement de mémoire: « La peinture est mémoire nimbée de lumière. » (M.Angel asturias)

Vieux drap, lisières, récup’, reprises main et machines, les couches se superposent; vêture émouvante qui dit la sueur,le gagne-pain, les soirées, les matinées, les dimanches passés à gagner durement sa croûte…………

Celles  qui me suivent depuis les débuts (voir http://artisanne-textile.fr/?s=page+robe+de+m%C3%A9moire&paged=2) se rappeleront la robe de mémoire bien plus précieuse que j’ai cousue il y a  2 ans (Peau d’âme en janvier 2011)et qui transmet une mémoire familiale…L’oeuvre est diffrérente, mais tout aussi pleine de sens et attachante….

La prochaine fois, vous verrez non plus les détails, mais l’ensemble. Puisse le vent qui souffle sur le Causse donner à cette veste la possibilité de se détacher de la pesanteur des jours laborieux…….La Mémoire lui donnera des ailes et la rendra légère, plus légère que la boue du champ …Mes amies -abeilles, faisons notre miel de ce passé qui nous pousse à aller de l’avant en nous souvenant des mains qui ont ouvert le chemin sur lequel nous avançons…A dimanche!