Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies

 5°° page de mon journal textile de voyage en Inde:

Puisque nous allons parler du paon, commençons drôlement avec ces vers de l’irrévencieux  Guillaume Apollinaire : » En faisant la roue, cet oiseau,
                                                                          Dont le pennage traîne à terre,
                                                                          Apparaît encore plus beau,…
                                                                          Mais se découvre le derrière. »

Le paon (Mor en Hindi, mayura en sanscrit) est l’oiseau national de l’Inde, on en voit un peu partout sur les toits, dans les forêts et les villages, libres, fiers; bien sûr, le paon  est largement représenté sur les tentures, les broderies, j’en ai vu déambuler tranquillement sur les toits, devant des maisons,  au Rajasthan et au Gujarat. Le paon en Inde, c’est l’immortalité. Oiseau solaire, sa roue évoque le firmament étoilé; il sert de montures à plusieurs dieux; majestueux, on voit dans les musées et palais des palanquins en forme de paons…Pour certaine fêtes, dans la rue, on vend des bouquets de ses plumes.

Le paon se plaignait de son chant auprès de Junon (La Fontaine) qui, dans une fable magnifique,  le décrivit ainsi: »Est-ce à toi d’envier la voix du Rossignol,

Toi que l’on voit porter à l’entour de ton col

Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies;

Qui te panades, qui déploies

Une si riche queue, et qui semble à nos yeux

La Boutique d’un Lapidaire?

Est-il quelque oiseau sous les Cieux

Plus que toi capable de plaire? »

Cette page de mon livre textile est dessinée d’après le site oiseaux.net. Le paon est  brodé aux points de tige , de mouche ou d’arête, de noeuds.

Comme le paon, amies abeilles, vos ailes  vous ont porté vers ma ruche: merci! Vos créations sont châtoyantes comme son ramage; j’en fais mon miel. Merci de votre visite, à dimanche soir! 

Le détail textile qui change tout……….

C’est le « détail qui tue », la cerise sur le gâteau, l’utlime point sur le « i » du mot fin……………J’ai déjà parlé des roses en organza ou en satin (voir le 7 décembre dernier sous  le titre des roses en hiver et des liens pour faire des roses en tissu: http://artisanne-textile.fr/index.php/page/4/), vous allez maintenant voir comment j’ai terminé 3 corbeilles en tissu récentes. Le plus curieux est qu’en en terminant une, je suis tombée sur une phrase de Schopenhauer qui résumait parfaitement mes états d’âme! »Ce qui donne du bonheur immédiat, c’est de voir croître son oeuvre sous ses mains et de la voir arriver à sa perfection » C’est cela même! J’ai senti rouler la corbeille textile entre les mains, prenant presque elle-même son destin en main, roulant et montant presque à son gré,m’échappant…A un moment, je dis « Stop! C’est fini »; reste l’utlime touche à poser.

Voilà plus rien à ajouter à celle-là, sauf une rose, deux rubans: elle est parée! Quant à la suivante, une rose, une feuille un peu givrée, pailletée, dorée:

N’allez pas rire, celle-ci dessus, retournée, posée sur ma tête, c’est un bibi merveilleux; une fois encore, jeme dis qu’au prochain mariage, j’en porterai une!! Une fois encore, une rose en organza suffit pour transformer  une de mes corbeilles textiles! (ceci dit, « vous allez voir ce que vous allez voir », prochainement, un ou deux articles vous montreront des corbeilles qui se terminent autrement, et de façon moins classique!) En attendant, une rose,une seule, rouge, et c’est Nuit dans les jardins d’Espagne! Olé!

« Qui veut faire de grandes choses doit penser profondément aux détails » (Valéry) et c’est juste; il m’arrive -avant de commencer une corbeille- de penser en premier à ce qui la finira! Vous verrez une jour prochain, une corbeille  pour une naissance qui a commencé par le souvenir d’un médaillon de porcelaine. Ah, suspense..Pour le moment, rappelons-nous Léonard de Vinci: « Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail »!

Sur ce, amies ailées que j’aime, qui font que ce blog est un lieu d’échange essentiel à ma vie, je vous embrasse; j’aime mieux vous entendre et vous parler qu’écouter la rumeur du monde…Trop triste en pensant aux enfants fauchés à Toulouse, une veille de printemps!

A vendredi, pour le journal textile de l’Inde!

Le verre à moitié plein

Vous le savez, mais je récapitule pour celles qui auraient zappé: 3 jours avant de partir en Inde, j’ai réalisé que ma clef USB était « corrompue », j’ai dû tenter de récupérer le maximum de photos  pour mes articles à venir……….Je suis souvent ailleurs que chez moi,  je dois donc m’organiser de façon à ne pas perdre mon matériel; c’est pourtant ce qui est arrivé! J’étais consternée!

La clef USB a été jetée, j’ai récupéré des miettes de mon travail…..mais j’ai envie de sauver sur mon site ce qui peut l’être! Il faut  regarder le verre à moitié plein, rester positif. Souvent ce qui nous arrive (parfois si bénin mais qu’on transforme en montagne)peut être considéré différemment; notre regard sur notre  (et LE) monde  est essentiel.

« V comme Vie, V comme VOIR, toute notre vie est dans le verbe VOIR » (Bernardin de St-Pierre)

VOYONS donc une revue de détails de certaines cartes emportées au vent de l’amitié qui les a dispersées!

 Charade:

Mon 1° est une fée (M.C.Baker) qui veille sur un trésor envolé!

Mon 2° ci- dessus est une photo que j’adore: celle d’un catalogue d’une ancienne expo du musée d’Angers, et son titre si merveilleux!

Mon 3° est l’intérieur de la carte: un petit pop- up à multiples escaliers fleuris organisé autour d’un chemin de camélias, un souvenir tendre:

Mon 4° ET mon 5° qui suivent et se suivent, sont des compositions à base d’empreintes de dentelle sur du gesso, squelettes de feuilles, citations vieillies au thé, acrylique, etc..

Brodé de façon fantaisiste et naïve autour d’un timbre (sorte de sampler de points), mon tout sera ma façon de  ne pas perdre la mémoire de ce sur lequel j’ai passé tant de temps; ma manière de vous remercier, vous qui visitez si fidèlement ma ruche!! Tout cela n’est rien, vous pouvez très bien ne pas laisser de commentaires!

Avec un verre à moitié plein, on peut encore trinquer à l’amitié! Tchin!! A mercredi!

Vision de l’Inde

Journal textile  n°4

Logiquement, cette page devrait être au tout-début de ma série d’articles,  (ce qui sera le cas lors du montage!) mais elle n’était pas finie.

J’emprunte mon titre à une phrase d’Henri Michaux et  joue sur le double -sens qu’il évoque: » Apres un voyage en Inde, on aurait tendance à dire : j’ai vu l’Inde, alors que c’est elle qui vous a vu » C’est exact, l’Inde vous prend dans ses bras, avec ses fleurs grimpantes, ses parfums, ses épices, ses saris………….C’est un envoûtement! Et chaque état est différent………J’en ai surtout visité deux, qui sont voisins, et j’ai noté toutes les variations. L’Inde est un continent, un pays immense, on peut déclarer: « j’ai vu le Rajasthan, j’ai visité le Gujarat », mais pas dire qu’on connaît l’Inde! Ceci dit, j’ai rencontré des gens fous de ce pays, entre autres deux couples qui y vont tous les ans depuis 30 ans………. 

Un drapeau fiché en plein milieu du pays, un pays fiché en plein dans mon coeur!L’auteur du livre (qui inspira le fim éponyme de Renoir) Le fleuve,  écrivait qu’une  « Une fois que vous aurez senti la poussière de l’Inde, vous ne vous en libèrerez jamais » . Rumer Godden avait, ô combien,  raison !

J’ai décoré  ma page de journal textile de 4 ornements  trouvés à l’étal d’un petit marchand, je les ai rebrodés pour les fixer, la grosse fleur jaune au moins est brodée à la main, j’ai noté la mer : l’océan indien ( je me suis  baignée à Diu, ancienne enclave portugaise):  rien que le Gujarat possède 1500 kms de côte…j’ai noté le Pakistan voisin des 2 états où je suis allée lors de mes 2 précédents voyages ( afin aussi que vous puissiez vous repérer), et j’ai inscrit Jaïpur, capitale du Rajasthan et Ahmédabad, capitale du Gujarat (Nord-Ouest) New- Dehli aussi, la capitale que j’ai visitée; il y a dans cette ville un « craft museum » extraordinaire, il faut prévoir beaucoup de temps pour le visiter, celui-ci m’a manquée, son département des  textiles est I-NOUI ! A Ahmedabad, j’ai vu un « Calicot museum » richissime et d’un très grand intérêt. Sachez que ces 3 grandes villes (En Inde, il y a plus de 38 villes ayant plus de 3 millions d’habitants…………) sont bruyantes, survoltées, surpeuplées; Paris doit être pour un indien  un village paisible…Un proverbe indien ne dit-il pas que «Tout européen qui vient en Inde acquiert la patience s’il n’en a pas et la perd s’il en a.»  A part des points plus sophistiqués pour fixer les décos, j’ai volontairement cherché la simplicité du point devant, car je veux pouvoir compléter ma carte  si j’ai la chance de pouvoir retourner dans le sud du pays pour un 3° voyage; c’est pour cela que j’ai déjà noté les noms de Madras et Bangalore…Rappelez-vous la prédiction  de R.Godden; la poussière indienne est d’or et de safran, j’en ai plein les mains et le coeur. Amies abeilles, vous aurais-je fait rêver un tout petit peu? Alors mon  pari de journal textile a un tout petit peu réussi…

A dimanche!

 

 

La princesse aux petits pois

Faisons un sort d’abord à la spirale; et la voix de Colette: « Des cris variés, agréables comme des chants, s’envolent par les fenêtres, tourbillonnent dans la spirale de l’escalier comme des fleurs éclatantes ».

A force de coudre des corbeilles textiles, près de 80 environ………….je connais tout de l’art de spiraler en grand, en orange, en vert…….en petit, c’est plus difficile? Et bien: non! la preuve: J’avais une petite idée dans la tête et j’ai cousu 6 petites spirales, avec fil métallique et colle pailletée (que certaines appelent « glitter », ça fait plus « pro »!)  Et voili-voilou le petit collier- cadeau:

Montée sur  un cercle, la grappe de « rondelles » tourbillonnantes réchauffe le creux d’un cou gracile. Rien à voir avec le tablier gris évoqué par Robbe-Grillet: »Femme qui monte en courant d’étage en étage tout au long de l’étroit colimaçon où son tablier gris tournoie en spirale »…

-« C’est du grand n’importe quoi, Anne!! tu mets un titre, et tu parles d’autre chose! »

-Pas du tout, petite abeille, pas du tout, la princesse  a sûrement des colliers,  avec des spirales………Et puis, tiens, elle a même trouvé 3 petits pois…en malachite, regarde ce qu’elle en a fait…….. »

-C’est vrai, j’avais un collier d’Afrique que j’aimais beaucoup, portais beaucoup…………un jour, il a cassé, j’ai ramassé les perles, les ai mises dans un beau cendrier et les ai laissées là. Je passe tous les jours devant, ..depuis 10 ans à peu près!!!je ne l’ai jamais remonté!!

Un jour,  déclic, j’ai vu ces boules vertes, elles m’ont fait penser à des petits pois, et j’ai fait ce collier  ; et il ne passe pas inaperçu et amène au moins un sourire sur les lèvres les plus pincées!!! J’ai fait les gousses selon la technique du « barbola »: point de feston en relief   (point de bruxelles dans certain livre) modelé sur un support avec de la colle textile (ce n’est pas du stumpwork, pas de fil de métal!! si vous voulez en savoir un peu plus, regardez dans Just Stitch de Lesley turpin- Delport) La vrille, un rang de chainette avec fil métal et coton perlé, enroulé autour d’un crochet. Le tout monté sur un collier de velours!

Avec tout un collier démonté, je pourrais en faire des petit pois ! Ou les cacher sous un matelas?

C’est pas tout ça, il va falloir quand même que je les ré-enfile les perles, moi! Avant que ce soit fait (!), on a RV ce vendredi autour du cahier textile de l’Inde….Bises, amies ailées!!