Les dahlias (suite) et la robe mémorielle (8)

Dahlias réalisés soit en batik, soit en tissu Kaffe Faussett, le coeur est un pompon de laine.

Oui, nous conjuguons nos vies au féminin; avec fierté!

Feuilles appliquées au point de feston, plusieurs sont en tulle que j’ai teint au micro-ondes et rebrodé.

La reine des dahlias ( la robe mémorielle 7)

Ma maman avait un beau jardin qu’elle travaillait avec goût et soin; sa spécialité, c’étaient les pivoines et les dahlias; elle en avait une grande quantité, et de très nombreuses variétés. Leurs taches de couleur faisaient merveille dehors, et dans les immenses bouquets que je composais, malgré son peu d’envie qu’ on les coupe…elles les préférait dehors, contrairement à ss roses qu’elle offrait aux photos de sa soeur et de sa maman!

Au sujet des fleurs, je suis une des rares personnes sans doute, à ne pas être rebutée par les odeurs d’eau croupie qu’on jette des vases; cela me ramène irrésistiblement dans les églises où ma grand-mère m’entraînait pour changer les bouquets, le vendredi après-midi, si ma mémoire est bonne (le samedi, souvent, il devait y avoir des mariages ?)

Revenons à nos fleurs:  j’avais couronné ma mère du surnom de « reine des dahlias »; ces dahlias, on peut les retrouver dans plusieurs quilts (visibles sur mes galeries anciennes) et bien sûr surtout le célèbre motif rond du dahlia ; je l’ai cousu sur fond noir, il évoque aussi un vitrail d’église! (en photo juste dessous)

dédié à la reine des dahlias

Pour celles qui parlent anglais, ce quilt a paru dans un livre original, spirituel et intéressant:Within sacred circles de Susan Towner-Larsen (meditations and mandala quilts), ed Pilgrim press, 2004

Techniques:Les dahlias de la robe mémorielle sont soit appliqués (coupés dans un tissu de Kaffe Faussett) soit réalisés avec la méthode de Léa Stansal que j’ai adaptée. Ceux-là sont en relief! Certains, petits, sont brodés au point indien chemanthy. La grosse fleur en taffetas ivoire (photo au-dessus, est façonnée à la main) un galon écrit au stylo indélébile pour tissu  court d’une génération à l’autre et joue sur les mots: fée-fait, fil/fils/filles……………

Dans le prochain billet,  vous  verrez d’autres dahlias de la robe.

Souhait: J’aimerais qu’on puisse lire dans les plis d’une robe, dans ses décorations, dans son travail de couture (fait par ma grand-mère ou sa couturière) comme on lit dans un livre. Il y  a dans un tissu une émotion enclose à jamais. Et  tant de nous, femmes… et vous aussi,  fils de ces femmes…

Dernière minute:

A Paris, entre autres, la maison Balzac et l’expo Louise Bourgeois que j’ai trouvée décevante et les portes ouvertes de l’école Dupérré, c’est toujours d’un très haut niveau créatif, une mine d’inspirations; ce qui manque c’est un catalogue du travail des élèves; l’école dépend de la ville de Paris et n’a pas les moyens…………dommage!

Merci à vous toutes qui m’avez laissé des bons voeux d’anniversaire!! (« Il reste toujours un peu de parfum sur la main de celui qui offre  une rose ». Soyez-en donc  comblées de grâces!

fermé pour cause anniversaire!

C’est ce qu’on peut appeler un  Anne-iversaire!

C’est même un DOUBLE-Anne-iversaire!

Fêté avec ma famille, et pour différentes raisons, non en  Périgord où  j’habite,  mais à Paris. Nous laissons donc la robe momentanément, nous  retrouverons sa transformation entre les mains de l’artis-Anne dans une poignée de jours.

Merci aux lecteurs et lectrices! Joyeux anniversaire!

Place à la fiesta!!!

 N.B.Le petit panneau central(réplique d’un autre fait pour les 30 ans de la foire des tisserands de  Varaignes où il est resté) et orné de pompons de laine s’organise autour d’une image trouvée sur la Toile et que j’ai transférée sur tissu(Je nen  suis pas l’auteur ). Quant à l’Installation: la pièce montée, les tasses, la dînette, tout est en tissu ou au crochet; j’avais réalisé   cette scène pour les 30 ans de la manifestation de Varaignes. 

« Vieillir, c’est encore le seul moyen qu’on ait trouvé de vivre longtemps ! » (Sainte -Beuve)

Peaux d’âme (la robe mémorielle 6 )

« Peaux d’âme » est une référence au conte de Perrault, bien entendu (conte dont je rêve d’illustrer les fameuses trois robes aux couleurs du temps, du soleil et de la lune)…, mais pas seulement : en enfilant de nouveau cette robe de taffetas (oui, elle me va toujours,  ainsi qu’à ma fille!) je me suis évidemment, sentie « habitée » par celle qui, avant moi, la cousut ou la porta. Cela me renvoie à une citation brodée de l’autre côté de la robe, une interrogation (je ne sais plus sur quel blog intéressant, la question était posée, si vous vous reconnaissez, je serais heureuse de vous l’attribuer, elle est brodée entre guillemets) »Que retiennent notre corps et notre esprit de ce que nous n’avons pas vécu, mais qui vit en nous, nous habite, et nous a été transmis »?

Cette interrogation depuis que je l’ai lue et que j’ai « attaqué » ce projet me hante.

Sur le haut de la robe, très belle citation encore: celle extraite du manteau de Fortuny (référence à Proust) de Gérard Macé: »comment faire passer le manteau de la mémoire à travers le chas d’une aiguille », ce qui me convient parfaitement, au regard de ce  projet textile.(le nom de Macé a été brodé après  la prise de la photo et vous pouvez aussi retrouver son mom sur le site de la mercière ambulante: M.F.Dubromel)

Enfin, le sous-titre « ana-chroniques » m’a été soufflé par un proche qui joue ainsi sur le sens de cette histoire textile et le diminitif affectueux de celle pour qui  elle fut entreprise.

Le pendentif vient de ma maman , il a été beaucoup porté ; c’est un gros médaillon de Burma enfilé sur un ruban de velours et fermé par une attache assortie au gros médaillon. J’ai dû faire la « chasse » aux trésors, revoir  mes réserves, me pencher à mon tour  sur celle  qui me porta: la vie effectue de ces renversements……..

Ce que je dis de ce projet suscite de nombreuses  réactions  et un partage amical important, j’en suis émue et heureuse; Ella (braises.blogspot.com) me soufflait que son papa aimait  à citer  le poète: » un oiseau chante d’autant plus juste qu’il chante dans un arbre généalogique » (Desnos, Cocteau, Char..:on ne sait trop qui à qui attribuer ces mots) je la remercie, la citation pourrait être discutée…je vous propose moi,l’extrait d’un conte d’Andersen, peu connu, mais très intéressant:

« (…)Les enfants grandissaient, car il leur était né des enfants; s’ils n’avaient pas tous des dispositions remarquables, comme cela arrive dans chaque famille, du moins tous avaient reçu une excellente éducation. Le saule, lui, était devenu un arbre magnifique qui grandissait libre et non taillé. 

– C’est notre arbre généalogique ! disaient les vieux maîtres; il faut l’honorer et le vénérer, enfants. 

Et même les moins bien doués comprenaient un tel conseil. Cent années passèrent. 

C’était de nos jours. Le lac était devenu un marécage; le vieux château était en ruines. On ne voyait là qu’un petit abreuvoir ovale et un coin des fondations à côté; c’était ce qui restait des profonds fossés de jadis. Il y avait là aussi un vieil et bel arbre qui laissait tomber ses branches. C’était l’arbre généalogique. On sait combien un saule est superbe quand on le laisse croître à sa guise. Il était bien rongé au milieu du tronc, de la racine jusqu’au faîte ; les orages l’avaient bien un peu abîmé, mais il tenait toujours, et dans les fentes où le vent avait apporté de la terre, poussaient du gazon et des fleurs(…). « (titre: chacun et chaque chose  a sa place, lisible  en entier sur: http://www.contemania.com/contes_andersen/Conte_Andersen_chacun_chaque_chose_place.htm

La robe mémorielle 10

Le devant est terminé.  Ce qui se faisait au pas lent de la brodeuse, le parcellaire a fini par faire un tout, ou un demi tout………..Sur la manche, un bracelet au crochet, réalisé dans une sorte de cordelette armée, est appliqué . Ma mère l’a beaucoup porté, moi aussi avant qu’il ne s’abime.

Les dahlias dont nous avons parlé sont au dos de la robe, mais derrière, il y a beaucoup d’autres choses. A bientôt pour les découvrir…Si j’ai montré avant les dahlias, c’est à cause du surnom « Reine des dahlias » noté au devant……..Cette robe, c’est un tout, c’est un monde, c’est une famille, c’est une généalogie féminine.

Un peu partout, vous remarquerez des fils qui « pendouillent »; ce n’est -bien sûr, pas un oubli; il ne nous appartient pas de couper ce qui nous relie, ce qui donne du sens au texte,prétexte………….textile. (Et allusion aux Moires -ou Parques-, à Atropos qui coupe le fil et qu’on appelle « l’implacable », surnom terrible qui évoque la mort dans ses figurations les plus réalistes). Car en travaillant sur cette robe, je tente de nier la disparition de ces 3 femmes: ma grand-mère qui cousut la robe, ma tante qui la porta, ma maman si fière de faire en quelque sorte revivre sa soeur aimée trop tôt disparue……Faire revivre, c’est encore créer. C’est tenter  d’oublier l’évidence de la mort. Je vous assure qu’en brodant sur cette robe, je me sentais infiniment entourée et aimée de celles dont je raconte l’histoire; en tout cas, j’étais en lien, unie, réunie. Je tenais l’aiguille,mais j’étais guidée, par mon affection et par le lien familial et tendre lui-même. Ce projet dont ma fille fut l’initiatrice, m’a permis  d’exprimer ma  souffrance (celle de leur départ) que ja gardais au fond de moi; elle a scellé une sorte de réconciliation de ce que je suis avec ce que je parais. j’ai retrouvé ma sincérité, ma cohérence, et j’ai accepté l’idée que c’était à moi de relier affectivement mes filles et petites-filles avec mes mère et grand-mère; je suis une sorte de charnière entre 2 mondes, j’opère le passage.

 

NB: plus haut j’écris: » il ne nous appartient pas de couper ce qui nous relie »; or je tombe à l’instant ces lignes gardées dans mon « carnet de méditation: « Enfoncer une iguille e titrer le fil (..) aller plus loin que le silence, entrevoir le secret.Ecrire sans mots et sans sons. Le fil ne se coupe pas, il relie: il enveloppe l’absolu » . Revoilà le texte lié au textile! (Polline, attention aux ciseaux que tu as dit porter pour couper les filets qui pouraient  t’enserrer….!)

Lignes de S.Baron Supervielle

En gros, il y aura 5 ou 6 articles sur le dos de la robe; mais je voudrais vous remercier toutes pour la justesse, la pertinence de ce que vous m’avez dit, de ce que cet « héritage recréé » a suscité en vous comme réflexions sur la vie, la mort, la transmission, le textile. Certaines idées cheminent…….Et vous allez être déçues quand, la séquence sur la robe achevée, je papoterai  ensuite des mille riens textiles qui me filent entre les doigts, mes bidouillages incertains….Voilà où j’en suis: me dire qu’on ne peut pas  rester au même niveau tout le temps, parfois, on chûte, parfois, on remonte, les montagnes russes de la vie….mais vivre une belle histoire ensemble, c’est déjà une entente, déjà une aventure, déjà  une réussite!! Aussi, merci de tout coeur déjà,  pour ce bout de chemin parcouru ensemble!!

Détails du devant de la robe